mercredi 12 avril 2017

Orange : l'illusion d'une ville bien gérée

Etat des lieux de la ville d'Orange
Interview de Fabienne HALOUI par le  journal « ROUGE ORANGE LE DEFI CITOYEN » alors que le budget sera voté au conseil municipal d’Orange du 14 avril 2017, une façon de faire un bilan d’étape à mi-mandat de la gestion du maire d’Orange, réélu en mars 2014, et qui vante un endettement zéro.

Comment s’est passé le débat d’orientation budgétaire 2017 ?

Fabienne HALOUI - Je continue à penser que l’endettement zéro affiché par le Maire d’Orange, au-delà de sa portée idéologique dans le débat sur la dette, n’est pas le signe d’une bonne gestion. J’ai l’occasion de dire à Jacques Bompard : « le surendettement est dangereux mais l’endettement 0 est une aberration économique, en effet renoncer au crédit dans une période où les taux d’intérêt sont très bas, c’est se priver d’un formidable levier pour stimuler le développement local et l’emploi. Vous qui aimez dire que vous gérez en bon père de famille, savez-vous qu’un père de famille, sans recours au crédit ne pourrait accéder à la propriété ». Les grands travaux ne sont jamais financés par l’épargne mais par le crédit, c’est en ce sens qu’ils sont un levier économique.
Les projets d’investissements sont annoncés et sans cesse reportés. Nous allons vivre le 8ème été sans piscine et le maire refuse d’envisager le parc aquatique dans un autre lieu que la colline. C’est l’autre facette de l’endettement 0.
Le taux de chômage est un des plus élevés du département et la ville stagne démographiquement, alors que nous avons des atouts (situation géographique, carrefour autoroutier, rail, route, fluvial, foncier disponible, une bonne situation financière, patrimoine historique).
En fait, si toutes les villes avaient comme unique objectif l’endettement zéro, nous aurions des centaines de milliers de chômeurs de plus.

Quel regard portez-vous sur le service public communal, la politique du Maire d’Orange répond-il aux besoins des orangeois ?
Fabienne HALOUI - J’ai l’habitude de prendre pour exemple le service rendu en direction de l’enfance-jeunesse.
La ville est parvenue à l’endettement zéro mais les familles sont obligées de payer le Centre Aéré plusieurs mois à l’avance pour que leurs enfants puissent avoir une place. Il en est de même pour la cantine ou le CLAE dans certaines écoles. C’est pénalisant financièrement pour les parents. Sans le paiement d’avance, une famille n’est pas sûre d’avoir une place, l’égalité d’accès à un service n’est plus garantie. Il faut revoir la capacité d’accueil et recruter des animateurs.
Les tarifs sont plus élevés à Orange : Le prix d’un repas en cantine de mauvaise qualité coûte à une famille orangeoise 2,68 € alors que le prix au quotient à Avignon ou Carpentras débute à 1 € ou 1,50 €. Le prix de journée du centre aéré varie entre 8,70 € et 9,50 € à Vaison, entre 9 et 10 € à Sorgues alors qu’il évolue entre 10 et 13 € à Orange.
Il s’agit d’une fausse tarification sociale, la CAF n’aurait pas dû l’accepter car le centre aéré reste inaccessible à de nombreuses familles.

Que pensez-vous du projet de requalification du quartier de la Gare qui vise, entre autres, à créer un pôle d’échange multimodal ?

Fabienne HALOUI - Il s’agit d’un beau projet qui doit désenclaver le quartier de la gare et favoriser l’inter modalité : nouvelle gare, parking relais, parking vélo, gare routière pour bus urbains et interurbains.
Je crains qu’à ce stade du dossier, la capacité d’accueil du parking relais envisagée soit insuffisante, idem pour l’accueil des cars à la gare routière.
C’est un projet qui nous engage dans une perspective de développement durable global qui suppose de développer le train et des transports en commun alors que jusqu’à présent le Maire d’Orange ne voyait que par le « tout voiture ».
A ce propos, je me félicite du changement d’orientation du Maire sur les transports en commun. Beaucoup me disent qu’il est dû à la campagne que j’avais menée il y a 3 ans (vidéo et photos à l’appui, conférence de presse) pour dénoncer le détournement de la taxe transports sur la ville d’Orange et l’état du réseau des bus qui était le plus délabré du département.
De nouvelles bornes signalétiques, des abris bus ont vu le jour, des cars ont été achetés, une nouvelle ligne également, tout cela va dans le bon sens.
Mais pour que les bus puissent être utilisés par les « actifs » et pour qu’ils deviennent un vrai mode de transport alternatif, il faut améliorer le cadencement, réduire le temps d’attente entre deux bus et revoir les politiques tarifaires, le prix du bus est à 0,50 € à Sorgues, à 0,85 € à Bollène, et à 1 € à Orange, il faut des tarifications dégressives pour les jeunes et les personnes âgées.

Les Assises pour la revitalisation économique et commerciale des centres villes, le 28 février dernier, ont présenté une étude classifiant en 5 catégories nos cœurs de ville. Orange appartient à la 1ère catégorie des villes les plus touchées par la désertification des centres villes : votre réaction ?
Fabienne HALOUI - Appartenir à la catégorie des villes les plus touchées par la désertification est un triste record. Cette classification est à rapprocher du rapport d’activité d’urbanisme dans le Schéma de Cohérence Territoriale qui nous apprenait que la ville d’Orange appartenait à la catégorie des centres anciens les plus en difficultés.
Il y a 3 ans j’avais dénoncé l’hémorragie, notre enquête nous avait amené à répertorier  67 commerces fermés ; je formulais des propositions.
Le projet du Yéti Parc dans le quartier rue de l’Etang au sud de la colline qui prévoit un nouveau centre, doit être abandonné car nous prenons le risque de tuer définitivement le centre-ville historique.
Pour redynamiser le centre-ville, il faut redonner envie aux orangeois d’habiter au centre en permettant, à la fois, une offre de logement social et de logement de standing qui réponde aux besoins des familles et des personnes seules, sans le déconnecter de la problématique du stationnement des résidents en centre-ville.
Tous les centres villes ne meurent pas, certains gardent une vraie vitalité, il faut engager une réflexion sur la mutation du commerce de proximité en permettant à la ville de s’entourer des compétences, créer un Office du Commerce et de l’Artisanat, avoir recours au soutien du FISAC (Fonds d’Intervention pour la Sauvegarde de l’Artisanat et du Commerce). 

On parle d’un nouveau musée et peut être d’une nouvelle école ?
Fabienne HALOUI - Il y a 3 ans, j’envisageais que le Parc Aquatique soit construit sur des terrains laissés libres par le départ de la Légion, cela n’est plus possible puisque les terrains ont gardé leur vocation militaire. Le Parc Aquatique pourrait être aménagé dans la zone de la Brunette, c’est une piste parmi d’autres. Je pensais aussi il y a 3 ans, qu’un nouveau musée pourrait voir le jour sur l’ancienne piscine des Cèdres dans le cadre de la  valorisation de la colline.
Mais le maire envisage que ce musée voit le jour au nord de l’arc de triomphe et au sud de la cité de Fourches Vieilles, dans le terrain qui longe l’avenue de Lattre de Tassigny : pourquoi pas, sauf que l’an dernier, le maire avait déclaré que l’achat du terrain était destiné à l’aménagement d’un bassin de rétention. Comprenne qui pourra.
Pour ma part je pensais qu’en l’absence d’impératifs hydrauliques, il était préférable de construire sur ce terrain la 11ème école primaire et maternelle de la ville, un tel projet qui s’accompagnerait d’une révision totale de la carte scolaire pour une plus grande mixité sociale entre tous les quartiers au nord d’Orange, des 2 côtés de la RN 7, puisque de nombreux lotissements voient le jour à l’ouest. En effet, de plus en plus les familles du quartier de fourches vieilles-portail lançon vivent l’école Albert Camus comme une école ghetto.
Mais pour l’instant, la rénovation de l’école primaire Camus tant attendue par les parents d’élèves prend forme. Enfin !
Il me semble important également qu’au sud d’Orange, la construction d’une nouvelle école soit projetée, en raison de l’aménagement des nouveaux lotissements, cela parait indispensable. Mais il semble que la Ville s’oriente vers une telle option.
Pour en revenir au projet de musée, le maire parle, dans le même temps de fermer celui en centre- ville. C’est absurde, il est important, pour des raisons liées à la fréquentation du théâtre antique, que le musée actuel soit maintenu, mais il est urgent de construire un nouveau site, et là il faut se mettre d’accord sur le lieu.

La presse, à propos d’un bal le 14 juillet dans la programmation estivale, a parlé de 1ère fois. Pourquoi, quel était le sens de votre intervention au conseil municipal, le 15 mars dernier ?
Fabienne HALOUI - Les orangeois ont fini par ne plus voir l’absence de festivités le 14 juillet à Orange. Sauf qu’il s’agissait d’un oubli volontaire. J’ai pu entendre des proches de M BOMPARD déclamer qu’ils préféraient fêter le 15 août que le 14 juillet, entendez par là, qu’il préféraient fêter la vierge marie que la fin de la monarchie et l’avènement de la république. Il n’y a qu’un pas pour penser que…. Surtout quand on sait que le Maire met chaque année le ville sous la protection de Marie.
Aussi, depuis 3 ans, avec l’association citoyenne Orange Citoyenne et Solidaire et le Parti Communiste, nous fêtons le 14 juillet par une rencontre citoyenne qui se termine en musique autour d’une soupe au pistou en plein air sur une place publique. Cette initiative populaire relayée par la presse et sur les réseaux sociaux, est en train de provoquer l’effet que nous souhaitions, que des festivités aient lieu à nouveau à Orange pour fêter la république.

Comment concevez-vous votre rôle au sein de l’opposition municipale ?
Fabienne HALOUI - Je suis sans concession sur le fond des dossiers mais j’approuve ce qui va dans le bon sens. Il est parfois nécessaire de prendre des initiatives pour dénoncer l’idéologie du Maire, il n’est pas toujours facile de prendre la parole. Il m’est arrivé de sortir totalement de mes gongs, en dénonçant les agissements dégradants du fils du maire à mon encontre mais cela a, au moins, permis que ce dernier change d’attitude en conseil municipal. Je ne fais pas de déclarations excessives sur des sujets.
J’assume parfois mes coups de gueule mais je ne vais pas défendre le désengagement de l’État en direction des collectivités territoriales parce que je suis à Orange ou m’opposer au transfert de la compétence du plan local d’urbanisme à l’intercommunalité, alors que presque tous les maires sont opposés à ce type de transfert.
Je ne vais pas refuser de voter une demande de subvention destinée à financer des investissements de la ville, alors qu’il s’agit de recettes qui rentrent dans les caisses de la commune. Je ne vais pas demander la destruction d’une école.
Il y 6 élus de l’opposition et manifestement, nous n’avons pas la même conception de notre rôle d’opposant : je conduisais la liste Orange Citoyenne et Solidaire sous l’étiquette du Front de Gauche, qui avait le choix de partir seule à l’élection municipale. Je ne le regrette pas. Je ne me retrouve ni dans l’opposition de droite, c’est logique, mais je ne me retrouve pas non plus dans l’opposition qui rassemble l’association Orange Autrement et le PS.
Les orangeois seraient bien inspirés de regarder les vidéos du conseil municipal visibles sur le site de la ville, cela leur permettrait de découvrir les attitudes scandaleuses du maire d’Orange, les suspensions de séance au gré de ses caprices, mais aussi de se faire une opinion sur la façon dont l’opposition joue son rôle.
Ma réponse pose des questionnements, je suis disponible pour en débattre.

Fabienne Haloui au conseil municipal d’Orange du 15 mars 2017, rappelait l’initiative qu’elle avait prise, il y a 3 ans, pour dénoncer la mort du commerce dans le centre d’Orange avec la photo de 67 commerces fermés.
Fabienne HALOUI fait un état des lieux de la ville d'Orange

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    Fabienne HALOUI
    Conseillère municipale d’opposition sur la ville d’Orange
    Secrétaire départementale du PCF
    Responsable nationale de la lutte contre le racisme et pour l’égalité au PCF